jeudi 18 février 2016



Place de Jaude à Clermont-Ferrand







J’ai « déjà » marché pendant 826 km en 31 jours avec une moyenne journalière de 26,600 km. Ma plus grande étape a été 36km et la plus petite de 11km due à la neige. Je l’ai fait en trois saisons : été, automne et hiver. Il me reste environ 500 km pour atteindre Chambéry en une vingtaine d’étapes et une saison.   





7ème ètape 3ème période : ST BONNET près RIOM- CLERMONT FERRAND 27km



Depuis mardi, le relief s’enhardit. J’alterne descentes et montées de coteaux. La vallée de la Sioule est profonde et pittoresque. La pierre volcanique noire de Volvic est de plus en plus présente dans les édifices et maisons. En quittant Mozac, commune jouxtant Riom, je vais grimper et descendre trois cols. Le plus haut étant celui qui surmonte Clermont à 609m. Les montées sont parfois raides… Le rythme cardiaque suit l’évolution de l’ascension. Au sommet, il semble danser dans la poitrine… 



Le panorama est grandiose. Sur mon côté gauche j’ai un point de vue superbe sur la plaine de la Limagne forgée par l’Allier. Cette plaine fertile qui produit céréales se différencie des terres pentues du plateau où paissent les charolaises. Cependant dès l’ascension des coteaux de Châteaugay (516m), je découvre en contre-bas la zone industrielle de Gerzat et le terrain d’essai de Ladoux. Michelin premier signe bien visible de l’entreprise phare de Clermont-Ferrand. 





 En redescendant dans le bourg de Châteaugay par le chemin des caves, je me crois arriver dans un roman de JRR Tolkien et traverser une rue de Hobbits. La vigne et le vin sont dans les gênes de cette commune. La rue des caves enterrées et superposées est surprenante. Combien de caves y a-t-il ? plus de cinquante ? plus de cent ? C’est impressionnant. Elles ont été creusées dans la pépérite, un tuf volcanique. Des prisonniers de Napoléon 1er en auraient excavées certaines ?













Je vais ainsi, après montées et descentes, découvrir le site archéologique de l’oppidum surplombant Clermont-Ferrand. 



 A l’heure où dans les communes les élus réfléchissent à une mutualisation des moyens voire à la création de communes nouvelles réunissant deux ou plusieurs communes, en 1630, Louis XIII ne s’est pas embarrassé de concertation. Il a imposé la réunion de deux villes : Clairmont et Montferrand. L’aire urbaine actuelle de Clermont-Ferrand est forte de 470 000 habitants. La ville elle-même en compte près de 150 000. Michelin, 1ère entreprise de la ville, emploie 13 000 salariés. La capitale du pneumatique possède quelques originalités : une cathédrale entièrement noire bâtie avec la pierre de Volvic et une tramway à pneu passant devant le stade Michelin mais pas devant la gare…








STEPHANE


  


           Comme je pérégrinais sur les côtes de Clermont 
au-dessus de la ville , je me suis aperçu , en consultant mes cartes, que le GR faisait un grand détour de plusieurs kilomètres supplémentaires avant d’atteindre le centre-ville et la fameuse place de Jaude. 
 J ’ai alors apostrophé un marcheur-cueilleur pour savoir s’il connaissait un chemin plus direct. 

Stéphane connait effectivement tous les chemins. Il m’a proposé plusieurs alternatives. J’ai donc fait un bout de chemin avec lui. En fait Stéphane n’est pas cueilleur de champignons mais de détritus. Il marche et récupère les cannettes et autres récipients jetés par des visiteurs du panorama. C’est son action citoyenne et responsable. Nous sommes tombés d’accord sur l’emballage  les plus jeté et retrouvé au bord des chemins : la cannette de bière de 50 cl d’une marque hollandaise. 
 Stéphane aime marcher et a un pas assuré mais il ne se sent pas le courage de faire une Redbery.

mercredi 17 février 2016

6ème étape 3ème période EBREUIL - ST BONNET près RIOM (31km)




La France n’est pas seulement riche de ses mille fromages, elle est nantie d’un patrimoine architectural remarquable extraordinaire.
 Depuis le début de mon chemin, je suis séduit par les villes, les villages, les hameaux, les églises, les fermes, les bâtisses et constructions de toutes sortes, témoins  passés d’une vie sociale, architecturale, culturelle, religieuse si riche et intense. Il est rare de marcher plus d’un kilomètre sans croiser une construction qui relève du « chef d’œuvre ». Le moulin, la ferme, le château, l’église, le pigeonnier, le pont peuvent être abandonnés voire délaissés mais cela n’enlève rien à leur force et beauté. 



Je découvre aussi dans cette campagne tout un art votif et religieux qui me rappelle étrangement nos calvaires bretons...



Peut -on parler du bien-être animal ?
Vaste question n’est-ce pas ? Ces vaches, rares êtres vivants que je rencontre, sont dans les champs…    Elles pataugent dans la boue à -2 degrés… Sont-elles bien ? Que préféreraient-elles ? Une étable ou une stabulation libre où elles seraient au sec ?
Elles ne m’ont pas répondu…






CHRISTINE



Je photographiais la croix de Banson. C’était la troisième en un kilomètre.
 Sculptées dans la pierre volcanique noire typique du Puy de Dôme, elles sont les témoins d’une intense vie religieuse. 
Christine vient au-devant de moi pour m’expliquer l’histoire récente de cette croix . 
C’est le village lui-même qui l’a installée en 2008 en remplacement d’une croix métallique qui était tombée. Cette croix a été retrouvée dans une grange du village, sous un tas de vieux foin. 



Christine est avenante et nous engageons la conversation. Comme je suis sur le GR qui est aussi un des nombreux chemins de St Jacques de Compostelle, elle me demande si j’y vais. Je lui explique mon chemin vers Chambery. Son mari envisage de faire le chemin de St Jacques d’une seul traite à partir de leur village en passant par le Puy en Velay en avril ou mai prochain. Nous échangeons sur la marche. Je propose quelques conseils… 
Nous découvrons également que sa fille est un peu bretonne puisqu’elle travaille dans l’agroalimentaire à Lorient et que ma fille est un peu auvergnate étant médecin à Clermont. Elle me parle de sa maison, typique des maisons vigneronnes et de son village. Joie et bonheur simples des rencontres impromptues… 
Peut-être nous reverrons-nous puisqu’elle a l’adresse du blog ? entre marcheurs bretons et auvergnats…     

mardi 16 février 2016

5ème étape 3ème période : LA CELLE- EBREUIL  36km



Un jour froid d’hiver : personne ne sort
Ce matin la température est à moins 3° et un peu de neige enlumine la campagne. Pas de vent, pas de pluie, c’est un temps idéal pour marcher. Les routes sont un peu enneigées, l’eau est gelée dans les fossés, tout le pays semble s’être blotti bien au chaud chez soi. Personne dans les villages que je traverse, peu de voitures sur les routes que je longe ou je croise. Seules les vaches charolaises me regardent passer un peu inquiètes : le bruit de mes pas sur le chemin enneigé les intriguent. Bien couvert et équipé de gants et chapeau, je n’ai pas froid. J’ai même chaud quand il me faut grimper successivement le col de la Bosse à 720m ou les trois gorges surplombant un ruisseau. Parfois le soleil compose un tableau « halmitonnien » avec le givre dans les arbres nus. Le bonheur quoi ! Même en hiver par moins 3 degrés. J’arrive au gite d’étape après 24 km pour le pique-nique de la mi-journée 13h30. Bien réchauffé, je peux alors repartir pour 12km. Chris m’accompagnera pour les 6 derniers kilomètres. 36km aujourd’hui. Une grosse étape pour moi mais , dans les temps plus lointains,ce n’était qu’une étape « ordinaire » des soldats en déplacement qui faisaient un minimum de 40km . Aujourd'hui encore, une grande partie des 90% de la population mondiale qui doit subsister avec les restes de la richesse mondiale marche quotidiennement des dizaines de kilomètres, sans avoir les conditions techniques et alimentaires que j’ai… La marche rend humble…




                          "Ma cabane au Canada"

Line Renaud chante sa joie d’avoir une cabane au Canada. Marchant par monts et par vaux, j’en découvre en permanence. Elles ne sont pas au Canada mais bien chez nous , parsemées le long de mon parcours . 
 Elles se logent sur le bord d’une rivière. Elles se blottissent au creux d’un bois. Elles agrémentent une pièce d’eau. Elles marquent un espace en campagne. Les cabanes sont variées : du simple cabanon en bois, au petit chalet fleuri. De la caravane qui n’a plus roulé depuis fort longtemps au pavillon construit années après années.
 Je suis parfois surpris de découvrir ces petits coins de paradis dans des endroits improbablest. 
Si les cabanes sont bien différentes, j’observe deux constantes : une clôture qui marque le bout de terrain à soi et le salon de jardin. La clôture peut être très élaborée avec grillage et alarme ou un simple fil où est inscrit « propriété privée ». Le salon peut se limiter aux fauteuils en plastique ou se prévaloir d' une véritable terrasse faite en bois voire en carrelage où trônent les chaises-longues. Généralement le barbecue est à côté.
 En hiver, tout cela est plié. Je peux juste imaginer la joie et la satisfaction des « propriétaires » lorsqu’ils résident dans leur « cabane au fond des bois».




lundi 15 février 2016

4ème étape 3ème période : DURDAT LAREQUILLE - LA CELLE   16km








L’hiver veut-il montrer que c’est encore sa saison ? Ce matin, des flocons m’ont accompagné. Au bout de 3h, un début de bourrasque de neige m’a incité à cesser ma route car je craignais des difficultés pour me ramener au gite d’étape de Lalizolle. Chris pourrait-elle venir me chercher en sécurité sur ces petites routes enneigées ? 















Nous en avons profité pour faire un bon feu de cheminée et lire pendant que le vent et la neige balayaient la chaussée.





Marcher sur des chemins boueux et inondés : plus que de la relaxation.... de la concentration

Marcher signifie bien souvent, en plus de l’effort physique, contempler et méditer. Cela peut être le cas quand le chemin est tranquille, le paysage pittoresque et que le temps est clément. 
C’est une toute autre histoire quand le temps n’est pas de la partie et que le chemin est à risque. C’était le cas aujourd’hui. 

Ce n’est pas déplaisant mais la marche prend une autre tournure. Notre regard ne se porte plus sur le paysage ou sur un bâtiment intéressant mais juste devant soi et en général plutôt devant ses pieds. 
Le marcheur devient expert dans l’analyse des potentialités du chemin pour éviter que ses chaussures ne plongent dans un trou d’eau qui les transformerait immédiatement en éponge. Il faut évaluer la capacité pratique de la partie émergeante d’un chemin inondé à supporter, pendant quelques secondes, le poids du marcheur avant qu’il ne trouve un autre point d’appui… 
Sur les chemins empierrés, la tâche est aisée car on visualise assez bien la résistance des pierres émergées et la hauteur de l’eau. C’est une toute autre affaire dans les chemins herbeux ou boueux. La traitrise se cache dans l’herbe ou dans la boue. On peut avoir l’impression que cette touffe est hors de l’eau mais patatras dès que le pied est posé, la touffe se dérobe et la chaussure entière se retrouve dans l’eau. Dans ce cas, l’autre suit rapidement car pour sauver in extrémis le pied de la noyade, le marcheur précipite le pied restant sur un autre faux point d’appui ... et le voilà les deux pieds bien trempés. Il faut donc prévenir et donc anticiper. 
Peu à peu le marcheur aguerri devient expert pour débusquer les faux amis et ne choisir que ceux qui tiennent leur promesse. Les ornières de tracteurs sont de véritables parcours du combattant pour les pieds qui veulent rester secs. La marche devient petits sauts de monticules en monticules, de pierres en pierres. En filmant en accéléré, on pourrait y voir une danse…

dimanche 14 février 2016


3ème étape 3ème période : CHAMBON/VOUEZE - DURDAT LAREQUILLE     31km



Après la pluie, le soleil ?



Les présentateurs de la météo auraient parlé d’un « ciel de traine ». Le soleil s’est montré de temps en temps sympathique laissant aux nuages le rôle de «  méchants". Mais, heureusement, ils ne sont restés que menaçants. J’ai pu ainsi enlever ma cape de pluie au bout de 10 km pour ne plus la remettre de la journée.




Ce matin en partant de Chambon, nous avons pu, de nouveau, admirer la magnifique abbatiale romane. La journée a commencé par l’ascension d’un coteau abrupt de la seconde rivière de Chambon : la Tardes. Le rythme cardiaque a bien monté lui aussi. La journée débutait bien fort.  







La terre est gorgée d’eau. Cheminant par les chemins creux, j’observe dans les ruisseaux ou les fossés, les déversements importants des drains. Que d’eau… Parfois je marche dans des chemins transformés en torrents : l’eau coule tellement… Cet afflux d’eau va-t-il entrainer des crues en aval ? Ce soir, seuls le Cher berrichon et la Vienne à Poitiers sont en vigilance crue sur le site vigicrue. Espérons que nous en restions à ce niveau.   





MARC ET FRANCOISE


 Au retour de la journée de marche, nous nous sommes arrêtés sur la grande place de Chambon/Voueze pour boire notre verre de fin de marche. Un café était ouvert : le café de la Promenade. C’était sans doute le seul de Chambon et des autres villages environnants. Son aspect un peu décalé, un peu guinguette, nous a paru sympathique. 
Ce café-restaurant, dans ce coin isolé de la Creuse,  a quelque chose de branché avec une déco originale et un mobilier du terroir. Françoise, la parisienne, au bar et Marc, le fougerais, aux fourneaux, veulent animer ce lieu. Ils ont accueilli dernièrement un spectacle de marionnettes de bar et vont accueillir prochainement un luthier d’Evaux Les Bains suivi d’un concert de guitare. Marc ne cuisine qu’avec des produits frais et locaux. 
Dommage que nous n’ayons  pu goûter sa cuisine car ce soir de dimanchen c’était pause en cuisine. C’est une adresse à retenir quand nous repasserons par Chambon

samedi 13 février 2016

2ème étape 3ème période BORD SAINT GEORGES - CHAMBON / VOUEZE 21km


Ce matin, les cieux étaient bien en forme. Ont-ils voulu essayer la panoplie des pluies et des vents disponibles en magasin ? je peux me le demander car j’ai eu le droit à tout : petite pluie entrecoupée de soleil, puis vent et averses. Comme cela ne semblait pas suffisant, j’ai eu aussi le droit à une forte tempête avec grêlons et coups de tonnerre.









Il faut parfois sauter entre les flaques pour ne pas avoir les pieds trempés. Heureusement que les chemins du GR parcourus aujourd’hui, étaient bien empierrés, je n’ai pas eu à patauger dans la boue contrairement à ce que m’a dit Christian lorsqu’il est descendu de son tractopelle pour discuter avec moi.








Au bout de 21 km, après avoir longé les superbes gorges de la Vouèze et découvert  le charme   tranquille de Chambon sur Vouèze, le ciel a eu raison de ma résistance.  aujourd’hui. Les éléments météorologiques étant franchement hostiles, j’ai décidé d’arrêter là pour ce jour.  

CHRISTIAN

  

Sous la pluie et ma cape, je suis trop harnaché pour tailler la bavette avec les « autochtones ». Pourtant, Christian qui nettoyait son étable avec un tractopelle, s’est arrêté et est venu me saluer. 
- « Un tractopelle c’est mieux pour nettoyer qu’un tracteur » me dit-il. 
Il m’invitait également à prendre des bottes car le chemin devait être impraticable. D’habitude, me dit-il, ce sont plutôt des moto-cross et des chevaux qui l’utilisent. Au cours de l’échange, il m’a confessé qu’il ne marchait presque jamais. Fort de cette « déclaration », j’ai décidé  de passer outre son conseil. Il est vrai que j’ai un peu pataugé pendant 500m mais après c’était un très beau chemin bien empierré.

vendredi 12 février 2016

PHILIPPE , LAURENCE  

et..... les chiens




J’ai rencontré Philippe, 1er adjoint et Laurence, secrétaire de mairie de St Silvain-Bas le Roc dans la mairie où je suis venu leur raconter ma mésaventure.




 Depuis Redon, après 700 km de marche j’ai rarement été ennuyé par des animaux sur mon chemin. J’aperçois assez régulièrement des chiens derrière les clôtures qui aimeraient en découdre mais les grillages les maintiennent à distance. 

Juste avant un petit bourg, je longe une maison en « chantier »… Trois chiens de type Pointer anglais ou Retriever  aboient à mon approche.  Sans me laisser intimider , je continue mon chemin .Les bêtes  accourent vers moi et soudain je sens des crocs sur mon mollet à travers chaussette, pantalon, guêtre. Ma réaction est rapide et bruyante. Un coup de pied et un cri de rage les font fuir… J’appelle les propriétaires pour me plaindre de cette situation. Personne ne sort du capharnaüm où se sont repliés les chiens. En arrivant au bourg, je passe   justement devant la mairie. Laurence m’accueille gentiment et à l’écoute de mon explication ,situe immédiatement « la propriété ». Philippe, 1er adjoint, en réunion dans une salle voisine est appelé. Ils conviennent tous les deux que cette situation n’est hélas pas nouvelle. Ils semblent être bien ennuyés car le dialogue avec les propriétaires des chiens est difficile semble-t-il.
Je reprends mon chemin , peut-être un peu plus méfiant... 

1ère étape, 3ème période : SAINT MARIEN - BORD SAINT GEORGES  26km


Départ pour une nouvelle période de marche entre St Marien et Clermont Ferrand.  
Après une nuit dans une chambre d’hôtes à Chauvergny dans la Vienne, nous sommes arrivés à St Marien à 11h 15. 
Le temps de s’équiper sous le porche de l’église à cause de la pluie et ....c’est parti pour la première étape.


Les deux premières heures sont franchement pluvieuses. Je dois faire de nombreuses infidélités au GR car les chemins sont boueux voire inondés. Les petites routes de la Creuse ne sont ni bien larges ni bien passantes. Heureusement...Entre St Marien et Boussac, je croise une voiture 3 fois, c’est celle de la Poste. Les fossés débordent parfois sur la route.


Chemin faisant, je pense à toute cette eau qui  court …



De drains des champs en fossés, de ruisseaux en petits cours d’eau , tout s’écoule vers la Creuse qui  va se jeter dans la Vienne avant d’aller  gonfler  la Loire à Candé St Martin. 
Cette eau qui coule sur moi et sous mes pieds passera donc à St Nazaire dans quelques semaines ou mois… D’un coup, je ressens l’immensité du bassin versant de la Loire…