vendredi 13 novembre 2015

11ème étape, 2ème période  ST ELOY D'ALLIER - ST MARIEN 18km


Aujourd’hui, j’ai commencé à marcher dans l’Allier, puis je suis repassé dans le Cher pour terminer dans la Creuse. C’est une petite étape pour pouvoir aller ensuite à Clermont-Ferrand voir nos enfants et le petit-fils, Manoé.
 Le paysage a radicalement changé depuis deux jours. Les collines sont recouvertes de prairies où paissent des charolaises. Je marche parfois dans les chemins creux sous des châtaigniers.



 Au sud de Culan, en contournant le lac de Sidiailles , presqu'à sec en cette saison, j’ai l’impression de randonner par les bruyères et genêts des rias de Bretagne. Le calcaire a laissé la place au schiste et au grès. Pendant mes 18km, je n’ai quasiment rencontré personne.










Je traverse Preveranges . Cette commune  est le point culminant du Cher et partage avec Redon une particularité : être au carrefour de trois départements : le Cher, l’Allier et la Creuse et l'Indre,  4ème département, est à moins de 10 km. En plus , elle est aussi au carrefour de 3 nouvelles régions : l’Aquitaine-Limousin, Rhône-Alpes-Auvergne et le Centre-Val de Loire. Cette commune a vu sa population divisée par trois en un siècle entre 1912 et 2012 passant de 2 200 habitants à 750 habitants. La désertification de certains secteurs ruraux est bien prégnante.









Je termine cette seconde période en arrivant à St Marien en Creuse. Ce sera le point de départ d’un nouveau périple sans doute en février pour rejoindre Clermont –Ferrand.  





Je clos ces lignes en apprenant l’horreur qui vient de se passer à Paris et à St Denis. L’extrémisme et le radicalisme sont terrifiants. Le marcheur va redevenir citoyen et militant pour prendre sa part dans ce combat pour un monde plus paisible et plus fraternel.  















jeudi 12 novembre 2015

AURELIE






Aurélie tient un restaurant-bar, « le bistrot du centre ». 



Il est situé à deux pas du monument du centre de la France à Bruère-Allichamps. En fait de monument, c’est une simple colonne placée au milieu de la rue principale. 

Le bar-restaurant d’Aurélie est comme son sourire : sympathique. Il a une touche de simplicité et de convivialité qui nous a séduit. Nous n’avons pas pu, hélas, goûter sa cuisine. 
 Peut-être au retour de la Redbery ?     

10ème étape, 2ème période : MARCAY- SAINT ELOY D'ALLIER 28km


Ce matin, les températures nous rappellent que nous sommes bien en novembre : 3°.
 La présence du soleil levant qui chasse la brume matinale, est un ravissement






Le paysage change. J’approche de la Creuse et de l’Allier. Les grandes surfaces céréalières irrigués du nord du Cher laissent de plus en plus la place aux pâturages vallonnés. Le Cher est un département avec une faible densité (43 hab/km²). Je vois peu d’habitations isolées. Les villages sont bien modestes. Je n' aperçois pas de lotissement récent dans les bourgs. Quand je marche sur une route départementale entre deux chemins, je rencontre très rarement des voitures.
C’est sans doute pour cela que les vaches charolaises semblent être toutes heureuses de me voir puisqu’elles accourent à mon approche. A défaut de train, elles regardent le randonneur passer...



Culan est une cité de caractère avec son château fort et ses maisons moyenâgeuses… Le beau soleil de novembre enlumine la pierre chaude des murs.
L’isolement , dans ces villages, doit être une vraie difficulté notamment pour les personnes âgées. Ce sont les rares personnes que je croise. Il faut dire que les autres doivent être au travail… 


A Reigny, je croise un groupe d’écoliers en marche pour la cantine : c’est bien agréable de rencontrer des enfants…

Le cabinet médical de Culan indique que le docteur a définitivement cessé son activité. L’Echos du Berry dans sa « une » d’aujourd’hui s’inquiète du manque crucial de médecin… Comment relever ce défi de la désertification de certaines zones rurales ?




Après la marche, nous découvrons les alentours. Nous visitons St Amand Montrond, petite ville, sous-préfecture, du sud Cher. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous interroger sur la "Cité de l’or" construite à la sortie de l' agglomération
  C’est « pharaonique »!… Oui, c’est beau , grandiose même, mais les coûts de construction puis de fonctionnement nous semblent bien dispendieux au regard des besoins de revitalisation du reste de ce territoire …

mercredi 11 novembre 2015

Un peu d'humour glané le long du chemin....

Résidence secondaire à louer...
Attention L.G.V. du Berry!

Sans prétention...


A chacun sa maison...


9ème étape, 2ème période  : CHATEAUNEUF/CHER - MARCAY 30km 


Dès 8h 20, j’entame mon périple journalier sous un lever de soleil majestueux. Les rayons flattent la pierre calcaire du château et des maisons de Châteauneuf. Les premiers kilomètres se font dans une quiétude automnale lumineuse.

Vers 9h, un inquiétant nuage noir arrive et recouvre une grande partie du ciel. A-t-il eu pitié du marcheur solitaire ? Il s’est arrêté presque au-dessus de moi. J’ai eu pendant plusieurs kilomètres le soleil et le nuage bien sombre simultanément au-dessus de ma tête. C’était un délice de cheminer sous un tel ciel…




Je suis agréablement surpris par la présence d’importantes entreprises industrielles le long de mon parcours depuis Vierzon et Foëcy. Celle de Bigny en est un exemple. C’est une
importante usine de cartonnage… Le Cher a une tradition industrielle née sans doute de la présence de minerai de fer et du bois de chauffe.









A partir de St Amand-Montrond, les grandes surfaces céréalières laissent progressivement la place à des champs entourés de haies d’aubépines où paissent des vaches charolaises ou limousines. Le paysage est plus vallonné. La terre me semble être argileuse…




Le 11 novembre
A Redon, je participe systématiquement aux cérémonies patriotiques. Parfois, dans mon cheminement, je pense à tous ceux qui ont dû marcher par obligation et dans des conditions difficiles : que ce soit les « poilus » de la grande guerre et aux réfugiés actuels qui doivent pérégriner en Syrie, en Europe. 
 Je passe juste dans le bourg de Vallenay (713 habitants) quand la cérémonie s’apprête à commencer. Elle est bien simple. Je ne m’y attarde pas.
Mon look de marcheur s’accorde mal avec la solennité que les personnes présentes souhaitent.  

mardi 10 novembre 2015



Le soir, nous regardons la carte du périple du lendemain. Les noms ne nous disent pas grand chose .... Charost .... Civray .... Gièvres .... C'est uniquement des points, des lignes que nous pouvons seulement imaginer. 








Et puis, le matin quand nous prenons la route, tous les signes de la carte semblent s'incarner.






Les rectangles noirs prennent du volume
 et deviennent des constructions élégantes



Ce trait bleu prend mouvement dans le courant



Les arbres s'élèvent le long
 des sentiers



Et la route tracée en pointillés noirs
 devient vie sous nos chaussures...

ALAIN et l'usine ROSIERES

Rosières est un village né de l'industrie métallurgique au XIX° siècle. En 1869, avec l'arrivée de la voie ferrée, l'entreprise Rosieres se développe et  employe alors 600 ouvriers.On la connait surtout pour la fabrication  des cuisinières. 
Dès 1846, cette entreprise crée un village ouvrier  avec maisons, écoles, dispensaire: la Cité Rosières. Cette cité est un des plus intéressants témoignages de la conception patronale de l’urbanisme industriel.

Il en reste aujourd'hui des rues, appelées "rangs", aux maisons toutes pareilles.




C'est devant une de ces maisons que je rencontre Alain





Alain est un enfant de Rosières.. Ses parents y habitaient déjà et lui, il y a acheté sa maison en 1981. Il regrette que la cité ouvrière ne soit plus composée d’ouvriers mais de gens qui viennent d’ailleurs. Il me parle des noms de rue de la cité qui sont les noms des grands ingénieurs de l’usine. 
Alain est nostalgique des années d’avant « les italiens ». Le groupe Candy Hoover a, en effet, racheté l’usine Rosières en 1999. Alain a commencé à y travailler en 1974. Dans les années 1980, ils étaient plus de 1 200 ouvriers et salariés. Il n’y travaille plus et il pense qu’ils ne sont pas plus de 300 actuellement. Nous parlons du passé ouvrier du Cher… Il trouve surprenant qu’un breton s’y intéresse. Il regrette ce temps où les gens étaient fiers d’être ouvriers. 

8ème étape, 2ème période : SAINT FLORENT - CHATEAUNEUF/CHER 27km


 Depuis plusieurs jours, la cape de pluie est remisée au fond de mon sac. Je traverse le Berry, centre géographique de la France. Demain, je passerai d’ailleurs très près du point central qui est situé sur la commune de Bruère-Allichamps. 

 C’est une belle campagne « ordinaire » faite de vastes étendues cultivées, parsemée de bosquets, de bois et parfois de petites forêts. Les rayons du soleil rasant de novembre composent parfois de superbes tableaux...

Depuis deux jours, je marche avec un gilet jaune pour éviter que les chasseurs me prennent pour cible et aussi pour que les automobilistes  acceptent l'intrus qui marche  parfois sur leur domaine . Malgré mon gilet jaune et un sac à dos à sangle orange vif, sur une route déserte, certains conducteurs me frôlent presque.
 Heureusement , d’autres ralentissent et s’écartent largement…

                                               Les bourgs du Cher semblent être tout en longueur.... J'en ai  traversé plusieurs qui faisaient bien 2 km de long. 

Très souvent, je dois descendre du trottoir à cause des voitures qui les occupent




Depuis huit jours je suis quand même surpris de ne rencontrer quasiment personne marchant à pied ou roulant en vélo sauf bien sûr pour la promenade du chien. Dans les petits bourgs, c’est le silence… Parfois, un homme balaie les feuilles devant sa maison. 







J’aperçois seulement des tracteurs ou des engins agricoles s’activer dans les champs. Il m’arrive d’entendre quelques cris d’enfants en passant près d’une école sinon c’est le calme plat… Je marche dans le silence de mes pas et des bruits de la campagne : un tracteur au loin, de rares meuglements, les croassements des corneilles et les cris stridents des hérons…






Au détour d’un chemin en rase campagne (la dernière habitation devait être à 2 km), en longeant la voie ferrée je découvre une voie abandonnée conduisant aux usines Rosières, célèbres pour leurs cuisinières avec de la fonte émaillé. 



lundi 9 novembre 2015

7ème étape , 2ème période : FOECY - SAINT FLORENT/CHER  27km

La région de Vierzon revendique son appartenance à la Sologne et au Berry. Après Foecy, en approchant de Bourges que je vais contourner , nous sommes bien dans le Berry…

 L’autoroute Paris-Clermont-Ferrand coupe cette plaine agricole parsemée de bois. Je l’entends bien à un kilomètre. A proximité, ce bruit devient assourdissant. Je m’inquiète pour les résidents des villages qui le bornent. Comment font-ils l’été pour ouvrir leurs fenêtres?



Ensuite, je marche sur des chemins agricoles qui bordent les champs. J’avance dans le silence , émaillé de temps en temps par un bruit de tracteur. Je passe devant d’adorables maisons berrichonnes.


Mon « âme » agricole me fait regarder la terre puisque des blés ont été semés récemment et « on » travaille les champs de maïs qui viennent d’être récoltés. J’observe que parfois le sol est dense et limoneux et d’autrefois il est semé de cailloux calcaires.





Je suis ébahi devant le matériel agricole de ces grands espaces de culture. L’agriculteur que je rencontre me dit que son tracteur fait 300 chevaux et traine une charrue de 8 épaules. Je découvre, en longeant un champ, qu’un tracteur est en train de labourer avec une « 8 socs » : 3 devant le tracteur et 5 derrière. Pour tourner en bout de champ, il lève sa charrue devant et derrière le tracteur… Qu’il est loin le temps où nous étions fiers d’avoir dans la ferme familiale une bi socle tractée par un tracteur de 37 chevaux ! Par contre, quand je croise  un tracteur qui épand des « produits  de traitement», je suis bien moins enthousiaste.


Je chemine en alternance le long des champs et au travers  des bois. 

En fin de matinée, un sanglier surgit d'un sous-bois,fonce vers moi puis change de direction en m'apercevant. Lequel de nous deux a été le plus surpris?..
Au rythme lent de la marche, j'ai le temps de m' émerveiller des couleurs du ciel, des nuages et du vert tendre des blés qui commencent à lever.


 Chris visite le centre historique de Mehun sur Yèvre,les ruines du château de Charles VII, le jardin du Duc de Berry. 



 Moi, je passe dans les faubourgs, devant l'usine de 

porcelaine. La manufacture PILLIVUYT pénètre au
 cœur de Mehun. C’est une vieille entreprise qui va 
fêter son bicentenaire en 2018. Cela peut sembler 
paradoxal puisque ses bâtiments de briques et 
de tuiles entourés de cités ouvrières nous ramènent 
au siècle dernier. 

Mais  son adaptation aux conditions de production la situe bien au 21ème siècle.   


dimanche 8 novembre 2015

VIERZON...

 ... un passé industriel présent
Quand on découvre Vierzon par le canal de Berry, un redonnais ne peut pas éviter la similitude de ces deux villes. 
Bien sûr la taille de chaque ville est différente : près de 30 000 habitants pour Vierzon et 10 000 habitants pour Redon. Mais ces deux sous-préfectures ont un même passé  de villes industrielles. Les anciennes usines CASE de machinisme agricole font penser aux usines Garnier de Redon 

 Ces deux entreprises ont d’ailleurs été concurrentes. Ces immenses usines étaient une ville dans la ville. Leur fermeture ont porté un coup sévère pour l’emploi et laisse une friche industrielle envahissante dans la ville. La fermeture de l’entreprise CASE a été plus tardive : on y voit encore des  botteleuses « moyenne densité » en attente ainsi que des moissonneuses batteuses de 2,50m de barre de coupe. On ne peut pas s’empêcher d’avoir un pincement de cœur
quand on marche devant ces immenses bâtiments à l’abandon. Voici encore 20ans pour CASE, des milliers d’ouvriers s’affairaient dans ces lieux.


On passe également devant d’autres immenses bâtiments industriels à l’abandon. Leur réutilisation reste difficile.



Vierzon comme Redon sont des villes industrielles. La présence d’un carrefour ferroviaire et d’une voie d’eau ont favorisé le développement industriel de la fin 19ème siècle et du début du 20ème.
Cheminant le long de ce canal, je découvre, comme à Redon, une importante fonderie qui est visiblement en activité. 
Tout n’est donc pas arrêté. Je vois d’autres sites industriels récents. Des usines nouvelles ont  remplacé, au moins en partie, celles qui ont disparues.
Entre Vierzon et Foëcy, je dépasse ou je contourne plusieurs sites industriels bien vivants. Cette région reste  encore  industrielle.

... une ville étendue avec un urbanisme étalé
La superficie de Vierzon est importante (7 500 ha). Le fait que Vierzon soit encerclée par deux autoroutes qui se rejoignent au nord de la ville doit bien compliquer son aménagement comme l’importance de friches industrielles en pleine ville. 
kiosque à musique

 Le centre-ville est diffus même s’il y a des lieux originaux comme le jardin de l’abbaye et son style « art déco »…
jardin de l'abbaye, derrière l'hôtel de ville


   Quelques rues montrent qu’il y a un patrimoine architectural mais l'ensemble  semble manquer de cohérence. Il faudrait sûrement une réhabilitation des logements du centre-ville .Mais les crises économiques qu’elle a subies ont certainement fortement pénalisées son essor et un nécessaire réaménagement de son urbanisme. 

La proximité de Bourges, distante de 35km, doit également lui nuire au niveau attractivité commerciale. 

Pourtant, le directeur de l’auberge de jeunesse où nous avons passé deux nuits manifestait son attachement pour cette ville malgré notre regard un peu dépité. Il est vrai que nous n’avons vu que la dimension physique de la ville. 
 Une ville n’est rien sans sa vie sociale et culturelle. Et nous n’avons pas pu la découvrir ni l’apprécier.